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Le 18ème siècle amena de profonds changements en France et en Europe.La France va vivre une fin de siècle agitée avec la Révolution de 1789, l’avènement de la République et la fin de la royauté.
Différentes guerres furent menées par Louis XIV surtout contre l’Espagne, par Louis XV contre la Prusse et l’Angleterre lors de la guerre de Sept ans, par Louis XVI contre l’Angleterre pour apporter son soutien militaire à la rébellion des colons américains et contribuer ainsi à la création des Etats-Unis.
Ces guerres n’eurent pas beaucoup d’effets sur les Bonnet, leurs familles et leurs exploitations agricoles et leur vie de labeur.
Comment vécurent-ils leur changement de statut : sujet du roi avant les événements de 1789, citoyen français dès mai 1789. Et la création du département de l’Ain en 1790, comment le vécurent-ils ? On n’en sait rien de tout car, étant tous illettrés, ils n’ont pas laissé d’écrits mais si on compare l’impact sur le quotidien des français que certains récents changements administratifs ont eu, on peut s’imaginer une absence de réaction si ce n’est que d’avoir un nouvel interlocuteur (le maire) pour les démarches courantes de la vie au lieu seulement le curé de la paroisse.
Leur misère et leurs difficultés à survivre ont sans aucun doute perduré telles que Vauban les décrivait, en 1696 :
« Dans les campagnes, tout ce qui s’appelle bas peuple, écrit , ne vit que de pain d’orge et d’avoine mêlés, dont ils n’ôtent même pas le son, ce qui fait qu’il y a tel pain qu’on peut lever par les pailles d’avoine dont il est mêlé. Ils se nourrissent encore de mauvais fruits, la plupart sauvages, et de quelque peu d’herbes potagères de leurs jardins, cuites à l’eau, avec un peu d’huile de noix ou de navette, le plus souvent sans ou très peu de sel (à cause de la gabelle). Il n’y a que les plus aisés qui mangent du pain de seigle mêlé d’orge et de froment. Le commun du peuple boit rarement du vin, ne mange pas trois fois de la viande en un an, et use peu de sel. Les trois quarts ne sont vêtus, hiver et été, que de toile à moitié pourrie et desséchée, et chaussés de sabots dans lesquels ils ont le pied nu toute l’année; que si quelqu’un a des souliers, il ne les met que les jours de fêtes et dimanches. Ils ne possèdent pas un pouce de terre. »
La lecture des registres paroissiaux (BMS) de la période 1700 à 1799 permet de recenser 221 actes de naissance, 86 de mariage et 158 actes de décès concernant les familles Bonnet.
Actes d’état-civil du 18ème siècle concernant les Bonnet
(cliquez sur le tableau pour voir les détails)
De l’analyse des naissances, mariages et décès survenus entre 1700 et 1799, on peut dénombrer 271 personnes (enfants et adultes) qui vécurent au 18ème siècle et qui appartenaient aux familles Bonnet, résidant dans les hameaux de Marboz (114 de sexe masculin et 157 de sexe féminin). Parmi ces 271 personnes, 43 filles ont changé de nom par mariage.
Le dépouillement de ces actes établis au 18ème siècle met en évidence une forte dispersion des familles Bonnet ainsi que des familles alliées par mariage.
En plus des hameaux du Tremblay, du Montjuif, des Devins et du Marlesay, 12 hameaux tout autour du centre de Marboz hébergent des Bonnet ou des familles alliées comme on le voit sur le tableau ci-dessous.
Hameau | Familles Bonnet | Familles Alliées |
Le Tremblay | 4 | 2 |
Le Montjuif | 6 | 1 |
Les Devins | 10 | 8 |
Malezay/ Le Marlesay | 7 | 1 |
Ste Colombe | 3 | 1 |
Le Carrouge La Bottière | 1 | 2 |
La Grange Neuve Les Marais | 3 | |
Les Couhardes Les Cartelinches Les Daujats | 1 | |
Les Bards Les Cornus | 1 | |
Le Crozet Le Tempetay | 1 | 1 |
Les actes après 1790 se veulent plus complets et désignent correctement les parties prenantes sans ambiguité sur leur lieu d’habitation et leur ascendance. Ils font l’objet d’une numération croissante annuelle précieuse pour les cas d’homonymies qui évitent certaines confusions qui ont pu exister par le passé. Avant cette étape, trop de choses ne reposait que sur la mémoire des vivants et celle du curé.
Les renseignements obtenus à travers les actes écrits après 1790 fournissent des éléments sérieux pour certifier certains actes antérieurs. C’est un progrès énorme dans l’établissement de l’état-civil par des officiels seuls habilités à rédiger de tels actes.
Les trois actes ci-dessous reflètent la physionomie des registres de ce 18ème siècle : naissance en 1728, second mariage en 1760 et décès en 1798 de Claude Bonnet, mon ancêtre à la 7ème génération.
Plus de 60 000 cahiers furent rédigés. Celui de Marboz ne fit pas exception aux autres dans ses remontrances au roi mais les demandes y sont très pondérées et très générales par rapport à celles d’autres villes. 462 feux composait la population de Marboz et seulement 216 hommes dont seulement 3 notables répondaient aux critères d’éligibilité. Parmi eux, 7 sur les 10 Bonnet de plus de 25 ans étaient présents et seuls 3 surent signer maladroitement le procès-verbal.
A la lecture des 52 articles du cahier de doléances, les préoccupations des notables et du clergé sont bien plus mises en avant que celles de la majorité des paysans pourtant présents à l’assemblée. Seuls 5 articles ont trait à leurs préoccupations (exportation libre des grains, impôt territorial pour toute propriété, établissement d’un cadastre, partage des communaux et permission de chasser les animaux nuisibles sur leur propriété).